Avec l’âge, de nombreux chevaux éprouvent des difficultés à maintenir leur poids, un phénomène fréquent qui inquiète propriétaires et soigneurs.
Comprendre les besoins spécifiques d’un cheval vieillissant, savoir repérer les multiples causes possibles de la perte d’état et adapter son alimentation sont des étapes clés pour améliorer son confort et sa qualité de vie.
Cet article passera en revue les enjeux nutritionnels majeurs, proposera des solutions concrètes pour enrichir et faciliter la ration, et mettra l’accent sur l’importance d’un suivi régulier pour accompagner au mieux nos compagnons âgés.
Comprendre les besoins nutritionnels du cheval âgé
Avec l’âge, le métabolisme du cheval évolue et ses besoins nutritionnels changent en profondeur. Un vieux cheval maigre nécessite une attention particulière pour rester en bonne santé et conserver vigueur et bien-être.
Des besoins énergétiques souvent spécifiques
Le cheval senior dépense parfois plus d’énergie au repos pour maintenir sa température corporelle et assurer le bon fonctionnement de son organisme. Cette dépense accrue peut être accentuée en hiver ou chez les chevaux dont la digestion devient moins efficace.
Un cheval âgé amaigri aura donc besoin d’apports énergétiques renforcés pour compenser la fonte musculaire et la perte de graisse sous-cutanée.
Par exemple, si Rondo, hongre de 25 ans, montre des côtes apparentes, une adaptation énergétique de sa ration permettra de soutenir sa condition corporelle.
La qualité plutôt que la quantité de fibres
Les fibres restent essentielles à la santé digestive des chevaux, même âgés. Cependant, la capacité du cheval senior à mastiquer et à digérer les fibres longues diminue, notamment en cas de dents usées ou manquantes.
Il est donc important de privilégier des sources de fibres digestibles, comme les pulpes de betterave ou les foin préfanés hachés, qui seront plus faciles à ingérer et à assimiler qu’un foin classique difficile à mâcher.
Des protéines adaptées pour entretenir la masse musculaire
Avec l’âge, le métabolisme du cheval utilise les protéines de façon moins efficace et peut avoir tendance à perdre du muscle. Un apport en protéines de bonne qualité, comme celles contenues dans la luzerne ou les compléments spécialement formulés pour seniors, aide à préserver la masse musculaire.
Ce facteur est crucial pour éviter que la maigreur ne s’aggrave et que l’animal ne s’affaiblisse, notamment lors des périodes où il sera plus vulnérable, comme l’hiver ou après une maladie.
Vitamines, minéraux et oligo-éléments : une vigilance accrue
L’assimilation des micronutriments participe directement au maintien de l’immunité et à la résistance générale du vieux cheval. Certaines carences (vitamine E, sélénium, zinc, etc.) accentuent la perte d’état et la vulnérabilité de l’organisme.
Assurer des apports suffisants en minéraux et vitamines adaptés à l’âge permet donc d’accompagner la vitalité de votre cheval âgé et de limiter son amaigrissement.
Un exemple concret : un supplément minéral équilibré pourra soutenir la récupération d’un cheval convalescent ou mitiger les effets de l’âge sur les articulations.
De l’eau propre et accessible en tout temps
Même si cela paraît évident, l’eau est un élément souvent négligé auprès des chevaux âgés. Une hydratation insuffisante peut aggraver la maigreur par diminution de l’appétit et désordres digestifs (constipation, coliques).
Veillez à fournir une eau propre, tempérée si besoin en hiver, et installée à hauteur accessible pour les chevaux souffrant d’arthrose ou de fatigue.
Identifier les causes de la perte de poids chez le vieux cheval
Problèmes dentaires : un frein majeur à l’alimentation
Avec l’âge, les dents du cheval peuvent s’user, se déchausser ou même tomber, rendant la mastication douloureuse ou inefficace. Cette difficulté à mâcher entraîne souvent une diminution de la consommation de foin et de concentrés, même lorsque le cheval montre encore de l’appétit.
Un cheval senior qui laisse tomber des boulettes de foin, salive beaucoup ou passe longtemps devant son râtelier sans vraiment manger, peut souffrir de douleurs dentaires.
Dans ces cas-là, la perte de poids est presque inévitable si l’on n’adapte pas ses apports ou si l’on néglige un contrôle dentaire régulier.
Il n’est pas rare, par exemple, qu’un vieux poney ayant perdu plusieurs molaires ne puisse plus tirer profit du foin traditionnel, ce qui le conduit doucement à l’amaigrissement.
Parasites internes et digestifs : une menace silencieuse
À mesure qu’il vieillit, le système immunitaire du cheval devient moins efficace, ce qui le rend plus vulnérable aux infestations parasitaires.
Les vers intestinaux, même à faible dose, peuvent perturber l’assimilation des nutriments, provoquer des diarrhées ou des coliques, et provoquer un amaigrissement progressif malgré une ration correcte.
Un cheval senior qui maigrit malgré une alimentation adaptée, ou qui présente un poil terne et gonflé, mérite un examen attentif des crottins et un protocole de vermifugation sur-mesure, réalisé en concertation avec le vétérinaire.
Troubles digestifs et malabsorption
Le tube digestif du cheval âgé devient parfois moins performant. Certains seniors développent des syndromes de malabsorption ou des pathologies digestives chroniques (ulcères, inflammation, troubles du foie ou du pancréas).
Ces troubles se traduisent souvent par une fonte musculaire rapide et une incapacité à assimiler correctement l’énergie et les protéines apportées par l’alimentation.
Si l’on constate que le cheval maigrit tout en recevant une ration apparemment complète, il faut approfondir les recherches sur l’état de son appareil digestif.
Douleurs chroniques ou maladies sous-jacentes
L’arthrose, les douleurs lombaires ou les pathologies articulaires sont fréquentes chez les vieux chevaux et ont un impact direct sur leur appétit et leur capacité à se déplacer pour accéder à la nourriture ou à l’eau.
Des maladies chroniques comme l’insuffisance rénale, le syndrome de Cushing ou des infections persistantes pèsent également sur l’état général et favorisent la perte d’état.
Prenons l’exemple d’une jument âgée atteinte de Cushing : même si sa ration est augmentée, elle aura tendance à fondre sans un traitement adapté, car la maladie perturbe son métabolisme et accentue la fonte musculaire.
Facteurs environnementaux et stress
Le cheval âgé est souvent plus sensible au froid, à l’humidité ou simplement aux changements de conditions de vie.
Un milieu mal adapté (abri insuffisant, litière inconfortable, concurrence au paddock) peut favoriser le stress ou l’isolement, réduisant l’accès aux ressources alimentaires.
Un vieux cheval dominé par ses congénères aura tendance à laisser sa part, tandis que d’autres peuvent cesser de manger s’ils n’ont pas suffisamment de tranquillité.
Observer le comportement dans le troupeau ou l’écurie est essentiel pour détecter ce type de cause.
Changements métaboliques liés à l’âge
Enfin, le simple vieillissement des tissus, la baisse du métabolisme de base et la diminution de la sensation de faim contribuent à la perte de poids, parfois de façon insidieuse.
Même avec des apports correctement calculés, certains chevaux en fin de vie voient leur organisme moins apte à assimiler l’énergie et les nutriments.
Adapter votre vigilance à chaque individu et rester attentif à ces petits signaux est donc primordial pour éviter une dégradation trop rapide de l’état corporel.
Adapter la ration alimentaire : types d’aliments et apports essentiels
Pour répondre efficacement aux besoins d’un vieux cheval maigre, il est crucial de composer une ration sur-mesure, à la fois digeste, riche en énergie assimilable et parfaitement adaptée à ses capacités de mastication ou d’absorption.
Chaque ingrédient, qu’il s’agisse de fibres, de concentrés ou de compléments, doit être choisi avec soin pour soutenir la reprise d’état sans surcharger l’organisme fragilisé.
Privilégier les sources de fibres hautement digestibles
Chez le cheval senior, la mastication du foin classique devient souvent laborieuse en raison des problèmes dentaires. Il ne doit pourtant pas être privé de fibres, fondamentales pour l’équilibre de la flore digestive et la prévention des coliques.
Afin de faciliter leur ingestion, choisissez des fourrages alternatifs : foin préfané en petits morceaux, luzerne déshydratée compacte (en bouchons réhydratés dans l’eau tiède), pulpe de betterave, ou encore fléole (timothy) hachée.
Ces aliments se ramollissent facilement lorsqu’ajoutés à de l’eau, rendant la mastication accessible même à un cheval édenté.
Par exemple, ajouter chaque jour 1 à 3 kg de bouchons de luzerne humidifiés et mélangés à un peu de pulpe de betterave peut remplacer partiellement ou totalement le foin pour un cheval ayant perdu ses molaires.
Cette démarche limite le risque de fausses routes, compense la perte d’état liée à un déficit fibreux et maintient un transit régulier.
Renforcer les apports énergétiques avec des matières premières adaptées
Le vieux cheval amaigri a souvent besoin d’un supplément d’énergie pour lutter contre le froid, retrouver de la graisse corporelle et soutenir la régénération musculaire.
Les céréales traditionnelles, comme l’avoine ou l’orge, sont parfois mal digérées chez le senior. Mieux vaut privilégier des aliments énergétiques hautement digestibles, pauvres en amidon pour limiter le risque de troubles digestifs.
Misez sur des huiles végétales de bonne qualité (huile de colza ou de soja), riches en acides gras essentiels et très concentrées en énergie. En général, 100 ml à 200 ml par jour suffisent, à ajouter progressivement au mash ou à la ration humide.
Autre option appréciée des chevaux âgés : les mélange de fibres énergétiques sous forme de mash sénior prêt à l’emploi, spécialement conçus pour être hydratés et faciliter l’absorption calorique sans surcharger les reins ou provoquer de pics glycémiques.
À titre d’exemple, le remplacement d’une partie des céréales par 500 g à 1 kg de ce type d’aliment humide apporte les calories nécessaires tout en ménageant le système digestif du cheval âgé et sensible.
Protéger la masse musculaire grâce à des protéines de haute valeur
Lutter contre la fonte musculaire exige un apport adapté en protéines, tout en évitant de fatiguer les reins du cheval âgé.
Privilégiez les protéines digestibles issues de la luzerne, du soja toasté, ou des copeaux de trèfle. Elles se trouvent facilement dans les aliments formulés « spécial senior » ou peuvent être ajoutées sous forme de bouchons ou de granulés réhydratés.
Par exemple, donner à un vieux cheval 1 à 2 kg de granulés sénior enrichis en protéines digestibles répartis sur deux ou trois repas quotidiens optimise l’entretien de sa musculature, surtout s’il présente un dos ensellé ou des épaules saillantes.
Attention cependant à ne pas surdoser : l’idéal est de fractionner les apports et d’assurer un suivi vétérinaire afin d’éviter tout excès dont les effets pourraient affaiblir une fonction rénale déjà fragile.
Garantir des apports suffisants en minéraux, oligo-éléments et vitamines
L’assimilation des micronutriments (calcium, phosphore, magnésium, sélénium, vitamines E et C, zinc, etc.) se dégrade avec l’âge, or ces éléments sont indispensables pour l’immunité, la vitalité, la santé des sabots et la bonne récupération musculaire.
Un cheval âgé ayant accès uniquement à un fourrage pauvre ou à des aliments classiques risque vite une carence insidieuse. Utilisez sans hésitation un complément minéral et vitaminé formulé pour chevaux seniors, à distribuer quotidiennement, idéalement sous forme de poudre ou mélangé aux mashs humides pour garantir l’ingestion.
Par exemple, un vieux cheval sensible à la fourbure ou au poil terne bénéficiera d’une cure de vitamines E et de zinc, sous contrôle vétérinaire, pour booster son immunité avant l’hiver.
Adapter la texture et la fréquence des repas
Les chevaux âgés assimilent mieux lorsqu’on adapte la présentation des aliments : privilégiez les rations humides, tièdes voire sous forme de soupes, pour stimuler l’appétit et faciliter la mastication ainsi que la digestion.
Fractionner la ration quotidienne en au moins trois, voire quatre, petits repas est conseillé. Cette stratégie soulage le système digestif, augmente la quantité totale assimilée et encourage le cheval, même peu gourmand, à se nourrir tout au long de la journée.
Ainsi, un vieux hongre peinant à finir ses repas mangera plus volontiers s’il reçoit trois petites gamelles humides de bouchons réhydratés, séparées de quelques heures, plutôt qu’une grande ration sèche matin et soir.
Conseils pour faciliter la prise alimentaire et l’assimilation
Un vieux cheval maigre n’est pas seulement fragilisé par ce qu’il mange, mais aussi par sa faculté à valoriser et profiter réellement de sa ration. En maximisant le confort d’alimentation et l’efficacité digestive, on optimise les chances de reprise d’état et on préserve la qualité de vie du senior, quelles que soient ses fragilités.
Créer un environnement calme et sécurisé au moment des repas
Un cheval âgé, en particulier s’il est affaibli, se laisse facilement perturber par le stress, la compétition avec les congénères ou le passage fréquent de personnes. Or, l’anxiété ou le sentiment d’insécurité peuvent drastiquement réduire l’appétit ou accélérer la prise du repas, provoquant de mauvaises assimilations et une ingestion incomplète.
Installez le vieux cheval dans une aire de nourrissage isolée, en box ou simplement dans un coin tranquille du paddock, afin qu’il prenne le temps de manger sans se sentir menacé par des chevaux dominants ou des sources de bruits inhabituels.
Par exemple, séparer un vieux hongre du troupeau durant ses repas avec un simple licol ou une clôture temporaire favorise une prise alimentaire apaisée et sans empressement.
Adapter la consistance et la température des aliments
Les chevaux âgés souffrant de problèmes dentaires ou de sensibilité buccale bénéficient grandement des repas tièdes, ramollis voire semi-liquides. Cette présentation évite le refus d’aliments trop durs et diminue le risque d’étouffement ou de fausse route.
Préparer la mangeoire à l’avance en versant de l’eau tiède sur les bouchons de luzerne, la pulpe de betterave ou le mash sénior rend la ration moelleuse et aromatique.
Cela réveille parfois l’appétit d’un cheval délaissant des aliments secs, surtout en hiver ou lorsqu’il est un peu abattu.
L’humidification facilite également la déglutition, tout en limitant le gaspillage lié à la production de boulettes ou au renversement de la ration au sol.
Fractionner les repas et instaurer une routine stable
Face à une capacité de mastication diminuée ou un volume d’estomac limité par la fatigue, il est fortement recommandé de distribuer plusieurs petits repas, idéalement à heures régulières.
Un apport fractionné augmente la quantité totale ingérée sur la journée, tout en évitant les surcharges du tube digestif qui favorisent les fermentations ou les coliques.
Instaurer une routine (trois à quatre repas similaires chaque jour, toujours dans le même lieu) rassure le cheval et stimule peu à peu son appétit, même en période de convalescence ou lors des grosses fatigues saisonnières.
Cette régularité permet aussi de mieux surveiller ses préférences et l’évolution de son appétit.
Surveiller la texture des crottins et l’état des dents
Un vieux cheval qui peine à assimiler sa ration en montre souvent les signes dans la texture de ses crottins : fibres longues non digérées, selles molles ou très sèches signalent une mauvaise mastication ou des troubles digestifs.
Examinez régulièrement les fumiers et, en cas d’anomalie, adaptez la consistance de la ration ou prévoyez une consultation dentaire.
Un simple râpage dentaire ou la suppression des fourrages très grossiers peuvent, parfois, permettre au cheval de remanger efficacement.
Un contrôle vétérinaire annuel, ou dès que le cheval laisse tomber sa nourriture ou montre des difficultés à avaler, permet d’intervenir avant que la maigreur ne s’installe durablement.
Encourager l’appétit par la diversité et les saveurs
Il arrive fréquemment qu’un vieux cheval devienne difficile, par lassitude, baisse de moral ou troubles de l’odorat.
Varier les aliments, introduire quelques poignées de pommes râpées, de carottes finement coupées ou de mélasse peut relancer temporairement l’appétit sans perturber l’équilibre global de la ration.
N’hésitez pas à alterner les recettes de mashs maison ou à tester différentes marques de bouchons senior : l’essentiel est de maintenir l’envie de manger.
Toutefois, introduisez chaque nouveauté progressivement pour surveiller la tolérance digestive et adapter les quantités selon le succès rencontré.
Faciliter l’accès à l’eau et encourager l’hydratation
Un cheval subdéshydraté digérera mal, et son appétit chutera rapidement. Placez des abreuvoirs facilement accessibles, toujours propres et, en hiver, préférez une eau légèrement tiédie pour éviter la réticence vis-à-vis d’une eau glaciale.
Vous pouvez stimuler l’hydratation en ajoutant un peu d’eau aux rations, en proposant de la soupe de mash ou en offrant à intervalles réguliers un seau d’eau aromatisée avec quelques dés de carotte ou une poignée de luzerne infusée.
Limiter la concurrence et observer l’évolution du comportement alimentaire
La hiérarchie au sein d’un groupe ou même une rivalité avec le voisin de box peut réduire le temps consacré à l’alimentation ou dissuader un cheval fragile d’approcher la mangeoire.
Assurez-vous que le vieux cheval dispose d’un accès de longue durée à sa ration, en l’éloignant provisoirement de tout congénère trop dominant ou vorace.
Certaines écuries disposent d’espaces protégés, grillagés ou de petits paddocks attenants pour garantir à chacun son moment de tranquillité.
Observez attentivement le comportement à chaque repas : un cheval qui se détourne brusquement de son seau, bouge beaucoup, ou marque un désintérêt progressif mérite une attention particulière.
Ces signes précoces de déséquilibre alimentaire ou de malaise doivent déclencher des ajustements rapides.
Utiliser au besoin des aides naturelles à la digestion
Certains compléments favorisent le confort digestif et l’assimilation, particulièrement précieux chez le cheval âgé : levures vivantes, prébiotiques, argile, herbes douces (fenugrec, camomille), oligo-éléments biodisponibles.
Demandez conseil à votre vétérinaire ou nutritionniste pour intégrer ces produits de façon raisonnée : une cure bien menée peut aider à rééquilibrer une flore digestive appauvrie ou soutenir l’assimilation des nutriments lors de transitions alimentaires délicates.

Surveiller l’évolution : suivi vétérinaire et ajustements nécessaires
L’accompagnement d’un vieux cheval maigre ne s’arrête pas à l’élaboration d’une ration idéale : il impose une observation continue et des adaptations régulières, en lien étroit avec un vétérinaire.
Un suivi rigoureux assure la sécurité, détecte précocement tout problème et maximise les chances de stabiliser, voire d’améliorer, l’état du cheval senior.
Observer régulièrement l’état corporel et l’appétit
Le contrôle de l’état corporel doit devenir une véritable routine, aussi importante que le pansage. Palpez les côtes, la croupe, le garrot et la base de l’encolure chaque semaine pour évaluer l’évolution de la fonte musculaire ou du retour progressif de l’embonpoint.
Un vieux cheval qui reprend du poids va arrondir son dos, remplir sa ligne de flanc, et ses côtes deviennent moins apparentes au toucher.
À l’inverse, un affinement du garrot ou l’apparition de creux au-dessus des yeux signalent un risque d’aggravation.
Notez aussi tous les changements d’appétit : un cheval qui laisse la moitié de sa ration, boude soudain tel aliment ou préfère boire au lieu de manger, mérite un point rapide.
Peser et suivre l’évolution du poids de façon objective
L’apparence peut être trompeuse, surtout chez les chevaux à longue toison ou porteurs de pathologies (Cushing). Utilisez un ruban toise ou une balance d’écurie pour estimer le poids toutes les 2 à 4 semaines.
Reportez ces résultats dans un carnet ou une fiche de suivi : une variation de plus de 10 % en un mois doit être investiguée.
Surveillez aussi le tour de poitrail et la largeur de la croupe : des mensurations stables ou en hausse sont un signe encourageant.
Programmer un suivi vétérinaire régulier et adapté
Un vétérinaire reste le partenaire clé du suivi du vieux cheval maigre.
Prévoyez une visite de contrôle au moins une à deux fois par an, et n’hésitez pas à solliciter un rendez-vous intermédiaire dès que l’état général évolue rapidement ou qu’apparaît un symptôme inhabituel (perte d’appétit, dégradation du poil, crottins anormaux).
Le vétérinaire saura proposer un bilan sanguin, une évaluation dentaire, et adapter la ration avec des recommandations personnalisées.
Par exemple, chez un cheval diagnostiqué en début d’insuffisance rénale, il ajustera la teneur en protéines et vérifiera l’hydratation avec précision.
Adapter la ration dès que nécessaire
Un cheval est un individu unique dont les besoins évoluent rapidement en vieillissant.
N’hésitez pas à moduler la composition ou la quantité de la ration selon ses réactions : une reprise de poids trop lente peut appeler à augmenter l’énergie (ajout d’huile, volume de mash senior), tandis qu’une apparition de selles liquides incitera à réduire les aliments riches ou à revoir la composition des fibres.
Prenez exemple sur une jument âgée passant l’hiver : en décembre, elle bénéficie d’un mash enrichi en huile ; mais si elle montre des selles plus molles en janvier, on diminue l’huile pour revenir à une ration plus fibreuse et mieux tolérée.
Surveiller les paramètres de santé générale
La vitalité, la qualité du poil et l’état des muqueuses sont de précieux indicateurs. Un cheval qui retrouve de l’entrain, une robe lustrée, et une haleine saine signale une bonne assimilation et un métabolisme en progrès.
En revanche, l’apparition d’apathie, de poil piqué, de crottins anormaux (trop secs ou trop liquides), ou d’odeur buccale suspecte justifient une adaptation de la ration ou une consultation rapide.
Tenir un carnet de suivi alimentaire et médical
Notez au quotidien les principaux apports (quantités, nouveaux aliments, cures de compléments), réactions observées (appétit, préférences, réactions digestives) et tous les événements de santé (soins dentaires, vermifugation, médication, épisodes de fièvre ou colique).
Ce carnet facilite les échanges avec le vétérinaire et permet d’identifier plus rapidement des liens entre une modification alimentaire et l’apparition (ou la disparition) de symptômes indésirables.
Réagir vite aux signaux d’alerte
Une perte de poids rapide chez le cheval, une baisse soudaine d’appétit, des difficultés de mastication ou un état d’abattement sont des signaux à prendre très au sérieux.
N’attendez pas que la situation s’aggrave : informez le vétérinaire, interrompez un nouvel aliment si besoin, et revenez à une ration qui a fait ses preuves même temporairement. La réactivité évite de laisser s’installer de l’épuisement ou des complications plus sévères chez le cheval âgé.
Prévoir des bilans ciblés lors de changements majeurs
Lors d’une transition de saison (passage à l’herbe, arrivée de l’hiver), après une maladie ou un épisode de stress (déménagement, nouveau voisin de paddock), soyez particulièrement attentif.
Un bilan vétérinaire ou nutritionnel à ces moments charnières permet d’anticiper la fonte musculaire ou les baisses d’appétit, et d’ajuster préventivement l’accompagnement alimentaire du vieux cheval.
FAQ : Alimentation du vieux cheval maigre
Faut-il changer totalement l’alimentation de mon vieux cheval s’il devient maigre ?
Pas forcément. Il peut être nécessaire d’adapter progressivement sa ration en fonction de ses besoins spécifiques liés à l’âge et à la perte de poids.
Souvent, l’ajout ou la modification de certains aliments suffit, tout en surveillant ses réactions et son état général.
Peut-on continuer à donner du foin classique à un cheval âgé ayant des problèmes dentaires ?
Un cheval avec des troubles dentaires peut avoir du mal à mâcher du foin sec.
Il est alors préférable d’opter pour du foin en brins coupés courts, du préfané ou des bouchons de foin humidifiés qui facilitent la mastication et l’assimilation.
Les compléments alimentaires sont-ils indispensables ?
Pas toujours, mais ils peuvent aider à combler des carences, notamment en vitamines, minéraux ou acides aminés essentiels.
Votre vétérinaire ou nutritionniste équin pourra vous guider précisément selon l’état de santé de votre cheval.
Quels signes doivent m’alerter si mon cheval perd encore du poids malgré une nouvelle alimentation ?
Une perte de poids continue, une baisse d’énergie, un poil terne ou l’apparition de troubles digestifs sont des signaux à surveiller de près.
Dans ces cas, consultez sans tarder votre vétérinaire pour identifier une cause sous-jacente (maladie, infestation parasitaire, etc.).
Combien de repas faut-il prévoir pour un vieux cheval maigre ?
Il est conseillé de fractionner l’alimentation en 3 à 4 petits repas par jour pour améliorer l’assimilation et limiter les risques de troubles digestifs.
Cela permet aussi au cheval de mieux s’alimenter s’il se fatigue vite en mangeant.
Un vieux cheval maigre peut-il sortir au pâturage comme les plus jeunes ?
Oui, mais sous réserve qu’il puisse brouter facilement et que l’herbe soit de bonne qualité.
Attention toutefois aux fortes chaleurs, au risque de fourbure, ou si le cheval n’est pas suffisamment denté pour valoriser l’herbe.
Comment savoir si mon adaptation alimentaire porte ses fruits ?
Suivez l’évolution du poids, l’aspect du poil, l’état des crottins et l’attitude générale.
Un cheval qui reprend de l’état, retrouve de l’énergie et dont les analyses vétérinaires sont stables va dans la bonne direction.
Dois-je déparasiter mon vieux cheval plus souvent ?
Les chevaux âgés peuvent devenir plus sensibles aux parasites intestinaux, surtout en cas de faiblesse ou de maigreur.
Faites des coproparasitologiques régulières et suivez les recommandations de votre vétérinaire pour la fréquence des traitements.
Conclusion
Préserver le poids et la santé d’un vieux cheval maigre nécessite d’identifier les causes de la perte d’état, d’adapter scrupuleusement la ration alimentaire à ses besoins spécifiques et de lui offrir des aliments faciles à ingérer et à digérer.
Un suivi attentif, en collaboration avec le vétérinaire, est indispensable pour ajuster l’alimentation au fil du temps et garantir ainsi confort, vitalité et bien-être à chaque étape de la vieillesse équine.