Dans le secteur équin, certains comportements du cheval, appelés « tics » ou stéréotypies, peuvent influencer la santé, la valorisation sportive et la valeur commerciale de l’animal.
Le tic à l’air, en particulier, suscite l’attention des éleveurs, propriétaires et cavaliers puisqu’il impacte à la fois la qualité de vie de l’animal et son environnement immédiat.
Sa compréhension s’avère essentielle pour améliorer les pratiques d’élevage, adapter l’environnement, respecter les réglementations ou encore anticiper les enjeux économiques liés à ce trouble comportemental.
Tic à l’air : Qu’est-ce que c’est ? Définition !
Le tic à l’air est une stéréotypie comportementale du cheval qui consiste à contracter les muscles du cou, souvent en appuyant les incisives sur un objet ou dans le vide (d’où le qualificatif « à l’air »), puis à effectuer un mouvement d’extension rapide du cou, accompagné d’une inspiration d’air bruyante. Contrairement au tic à l’appui, le cheval n’a pas nécessairement besoin d’un support pour réaliser le geste.
Ce comportement n’a pas de fonction utile pour le cheval et il est répété de façon plus ou moins régulière, parfois durant de longues périodes inoccupées.
Enjeux et utilité du repérage du tic à l’air
Identifier le tic à l’air est utile pour plusieurs raisons :
- Bien-être animal : Il s’agit d’un indicateur de mal-être psychologique ou environnemental, souvent lié à l’ennui, au stress ou à une mauvaise adaptation à la vie en box.
- Élevage et sélection : Certains chevaux sont écartés de la reproduction s’ils présentent une prédisposition à ce type de comportement, soupçonné d’avoir une composante héréditaire ou acquise très tôt.
- Économie : Un cheval tiqueur voit généralement sa valeur commerciale baisser, en raison des craintes d’usure prématurée et du coût des aménagements nécessaires pour réduire les manifestations du tic.
- Réglementations : Certains règlements de concours ou contrats de vente exigent la déclaration de ce trouble ou peuvent aller jusqu’à l’exclure d’une vente non signalée.
Comment évaluer ou identifier le tic à l’air ?
Le tic à l’air est un comportement observable :
- Signes cliniques : Le cheval étire brusquement son encolure, ouvre la bouche, contracte les muscles du cou et émet un bruit d’aspiration d’air. La séquence se déroule fréquemment devant la mangeoire, au-dessus de la porte du box, ou même dans le vide, sans contact avec un objet.
- Fréquence : Certains chevaux tiqueurs à l’air le font sporadiquement, d’autres plusieurs dizaines de fois par jour, surtout lors des phases d’ennui ou de manque d’activité.
- Contexte : Le comportement se manifeste principalement dans des conditions de vie restreintes (box, manque d’interactions, ration inadaptée en fibres) mais persiste parfois au pré ou après modifications de l’environnement.
Un professionnel peut facilement identifier le tic lors de l’observation quotidienne ou à l’aide de vidéosurveillance. Il est recommandé de ne pas confondre le tic à l’air avec d’autres stéréotypies orales ou locomotrices (tic à l’appui, tic à l’ours, etc.).
Quels sont les risques, limites ou critiques liés au tic à l’air ?
Le tic à l’air peut entraîner :
- Risques de santé : Usure prématurée des incisives, risques d’aérophagie (même si la quantité d’air réellement avalée reste discutée), perte d’état, digestion perturbée, myosites d’effort inadapté, blessures cervicales à long terme.
- Vie sociale et adaptation : Un cheval tiqueur peut être marginalisé dans certains groupes ou lors de la présentation en concours ou à la vente.
- Entretien et coûts : Besoin d’aménagements spécifiques (barre anti-tic, enrichissements environnementaux, surveillance accrue), usure anormale du box ou des accessoires, perte de valeur de revente.
- Approche psychologique : Le tic à l’air reste considéré comme le reflet d’un déséquilibre dans les conditions de vie du cheval, invitant à revoir méthodes d’élevage ou mode de vie plutôt qu’à viser la suppression du symptôme par contrainte physique.
Comment intégrer le tic à l’air dans une gestion équine ?
Les principales mesures consistent à :
- Amélioration de l’environnement : Augmenter le temps de sortie au pré ou en paddock, offrir des compagnons, distribuer la ration sous forme de fourrage long pour occuper l’animal.
- Enrichissement : Stimuler le cheval par des jouets adaptés, des ballots de foin suspendus, un accès libre à des objets à manipuler.
- Suivi vétérinaire : Certains cas nécessitent l’établissement d’un suivi vétérinaire pour évaluer les conséquences dentaires, digestives ou orthopédiques du tic.
- Communication : Informer tout acheteur ou prestataire du trouble, le noter dans le carnet d’identification et lors de tout changement de structure.
Exemple concret de tic à l’air dans un centre équestre
Un jument de 7 ans, récemment arrivée dans un club, commence à présenter des mouvements de cou et des aspirations d’air au moment des repas.
Après identification du tic à l’air par l’équipe, ses conditions de détention sont modifiées : elle reste plus longtemps au pré, la ration est étalée en filets à foin pour prolonger son temps d’alimentation, et des jeux sont installés dans son espace.
Le tic se réduit sans disparaître, la jument gagne en sérénité et s’intègre mieux dans le groupe, bien qu’elle conserve cette habitude dans certaines situations d’inactivité.
Termes liés ou complémentaires
- Tic à l’appui : Variante de la stéréotypie où le cheval prend appui avec ses dents.
- Tic à l’ours : Comportement de balancement latéral devant une porte ou une barrière.
- Stéréotypie : Ensemble de comportements répétitifs sans but apparent.
- Bien-être équin
- Gestion de l’environnement
En résumé
Le tic à l’air reste un comportement à repérer pour garantir le bien-être, la santé et la valorisation du cheval. Son identification précise, suivie d’ajustements adaptés, permet de limiter ses impacts pour le cheval comme pour la structure équestre. Comprendre et prendre en compte ce trouble aide à prévenir certains déséquilibres liés à la vie domestique du cheval et à soutenir une gestion plus respectueuse de ses besoins comportementaux.