L’arthrose figure parmi les maladies articulaires chroniques les plus fréquentes chez le cheval, touchant environ un équidé de plus de quinze ans sur deux selon l’IFCE (Institut français du cheval et de l’équitation, 2022).
Cette pathologie dégénérative n’épargne pas non plus les chevaux plus jeunes soumis à l’effort, mettant ainsi en péril bien-être et longévité sportive.
Pour les cavaliers et propriétaires, il est essentiel de bien comprendre ce qu’est réellement l’arthrose équine, au-delà des simples raideurs ou boiteries passagères.
Les origines de la maladie sont multiples, mêlant facteurs mécaniques, âge et prédispositions, ce qui rend l’identification des causes indispensable à une prise en charge personnalisée.
Savoir reconnaître précocement les signes d’alerte permet d’envisager au plus tôt les différentes solutions, des traitements médicamenteux aux gestes quotidiens qui soulagent l’animal.
Enfin, la prévention et l’aménagement de la vie du cheval jouent un rôle clé pour limiter la progression de l’arthrose et préserver la qualité de vie du compagnon, quel que soit son âge ou son activité.
Qu’est-ce que l’arthrose chez le cheval ?
L’arthrose est une affection articulaire fréquente chez les chevaux, touchant tous les âges et toutes les disciplines équestres.
Elle représente un enjeu majeur pour le bien-être et la performance du cheval, car elle impacte directement sa mobilité au quotidien.
Définition de l’arthrose équine
L’arthrose, aussi appelée ostéoarthrose ou arthropathie dégénérative, se caractérise par une dégradation progressive du cartilage articulaire.
Le cartilage joue un rôle d’amortisseur entre les os : il permet à l’articulation de glisser sans friction et d’absorber les chocs lors des mouvements.
Lorsque ce tissu se détériore, les surfaces osseuses commencent à frotter l’une contre l’autre, générant inflammation et douleurs.
Avec le temps, des remaniements osseux se forment en périphérie de l’articulation, appelés « ostéophytes » ou « becs de perroquet », qui limitent encore la mobilité.
Quels chevaux sont concernés ?
L’arthrose peut affecter tous les chevaux, des jeunes sportifs aux séniors en retraite.
Cependant, elle reste plus courante à partir d’un certain âge ou chez les chevaux ayant subi d’importantes sollicitations mécaniques.
On retrouve fréquemment de l’arthrose chez les chevaux de loisirs évoluant en club, les chevaux d’élevage, autant que chez les athlètes de haut niveau (saut d’obstacles, dressage, endurance…).
Par exemple, un poney âgé de 18 ans montrant des raideurs au trot ou un cheval de concours ayant beaucoup travaillé sur sol dur peuvent tous deux développer de l’arthrose.
Les articulations les plus touchées
Toutes les articulations peuvent être atteintes, mais certaines le sont plus souvent.
Les boulets, les jarrets, les genoux (carpes), et les phalanges sont fréquemment cités, car ils supportent de fortes contraintes lors du travail ou des déplacements au pré.
L’arthrose peut également toucher les articulations du dos et de l’encolure, notamment chez les chevaux soumis à beaucoup de flexions ou de positions inhabituelles.
Il est important de noter qu’une même articulation peut présenter plusieurs stades d’atteinte arthrosique, de très légère à très avancée.
Processus évolutif de l’arthrose
Au départ, l’arthrose s’installe discrètement et peut passer inaperçue, car la dégradation du cartilage est indolore.
C’est lorsque l’os commence à être exposé, puis remanié, que les premiers signes de gêne se manifestent.
Le processus est considéré comme irréversible : une fois que le cartilage est endommagé, il ne se régénère pas spontanément.
Cependant, une prise en charge adaptée permet souvent d’aider le cheval à maintenir une bonne qualité de vie malgré la maladie.

Les causes courantes de l’arthrose chez le cheval
L’apparition de l’arthrose chez le cheval résulte de l’influence de plusieurs facteurs. Comprendre leur rôle permet d’adapter les soins, le travail ou la prévention pour limiter la progression de la maladie et préserver le confort de l’animal.
Âge et usure naturelle des articulations
Avec le temps, les cartilages des articulations subissent une usure progressive, même chez un cheval ayant eu une vie paisible.
La faculté du cartilage à se régénérer diminue avec l’âge, rendant le tissu plus vulnérable aux microtraumatismes du quotidien.
Ainsi, il est courant d’observer de l’arthrose chez les chevaux âgés de plus de 15 ans, qu’ils soient encore en activité ou déjà à la retraite.
Un poney de club ayant servi dix ans aux reprises finit souvent par montrer une gêne articulaire, même sans avoir connu d’accident particulier.
Efforts répétés et travail intensif
L’exercice physique, bien qu’indispensable au bon développement du cheval, peut accélérer l’apparition de l’arthrose s’il est trop intense ou mal adapté.
Les disciplines qui sollicitent fortement certaines articulations, comme le saut d’obstacles (sollicitant les boulets et les jarrets) ou l’endurance (provoquant des microtraumatismes répétitifs), augmentent le risque d’usure prématurée du cartilage.
Même chez les jeunes chevaux, un entraînement inadapté, mal dosé, ou l’accumulation de compétitions peut être un facteur déclenchant.
Par exemple, un trotteur effectuant de nombreux départs rapides sur terrain dur met ses articulations à rude épreuve et peut développer de l’arthrose dès la fin de sa carrière sportive.
Traumatismes et blessures articulaires
Une entorse, une fracture ou tout choc direct sur une articulation accroît le risque d’arthrose à moyen ou long terme.
Les lésions du cartilage ou des structures de soutien (ligaments, ménisques) altèrent la stabilité articulaire, ce qui peut perturber la répartition des contraintes et accélérer la dégradation du cartilage.
Par exemple, un cheval ayant été victime d’une chute ou d’une blessure nécessitant une immobilisation prolongée présente un terrain propice au développement d’une arthrose, souvent localisée à l’articulation touchée.
Anomalies de conformation et défauts d’aplombs
La conformation du cheval, c’est-à-dire la façon dont ses membres, ses articulations et son squelette sont formés, joue un rôle capital.
Les défauts d’aplombs (pieds trop tournés en dehors, jarrets cagneux, etc.) entraînent une répartition inégale des charges durant la locomotion.
Cette inégalité sollicite anormalement certaines zones du cartilage, qui vont vieillir plus vite que d’autres.
Ainsi, un cheval avec des boulets déviés ou un antérieur panard risque d’user prématurément le cartilage de l’articulation concernée, favorisant le développement de l’arthrose.
Surpoids et alimentation inadaptée
Le surpoids expose les articulations à un excès de charge, surtout au niveau des membres porteurs (boulets, jarrets, phalanges).
Chez un cheval trop nourri par rapport à son activité réelle, chaque déplacement devient une source de contrainte supplémentaire pour les cartilages.
Une alimentation déséquilibrée, notamment chez le poulain en croissance, peut également nuire au développement articulaire et favoriser des anomalies structurales prédisposant à l’arthrose à l’âge adulte.
Par exemple, un jeune cheval ayant reçu trop d’énergie et de protéines sans apport minéral adapté risque des troubles de croissance pouvant compromettre la santé articulaire future.
Mauvais entretien des pieds et ferrures inadaptées
Les pieds du cheval assurent l’amortissement et la stabilité de toutes les articulations des membres.
Un parage irrégulier, une ferrure mal faite ou absente lorsqu’elle est nécessaire peut modifier la façon dont les appuis se répartissent sur le sol.
Des déséquilibres, même minimes, répétées dans la durée causent des microtraumatismes aux articulations.
À terme, cela favorise l’apparition d’une arthrose localisée, souvent visible d’abord par de petites boiteries qui s’aggravent avec le temps.
Facteurs environnementaux et mode de vie
Les conditions de vie du cheval interviennent aussi dans la santé de ses articulations.
Un cheval vivant constamment sur sol dur, en stalle ou box sans sortie, ou évoluant dans des terrains irréguliers non adaptés, voit ses articulations subir des contraintes peu naturelles.
De même, une exposition répétée au froid ou à l’humidité favorise la raideur articulaire et l’installation de douleurs chroniques.
Un poney de manège rarement sorti au pré et toujours travaillé sur la même surface peut ainsi développer de l’arthrose plus rapidement qu’un cheval bénéficiant de sorties variées et de conditions de vie naturelles.
Reconnaître les symptômes de l’arthrose équine
Savoir détecter les signes évocateurs de l’arthrose chez son cheval est primordial pour agir le plus tôt possible.
L’arthrose peut d’abord passer inaperçue, mais certains symptômes doivent alerter le cavalier ou le soignant.
Raideur et gêne à la mise en mouvement
Un des tout premiers signes d’arthrose est la raideur, notamment au début d’une séance ou après une période de repos.
Un cheval atteint va parfois « débloquer » lentement : les premiers pas sont hésitants ou saccadés, mais la locomotion s’améliore avec l’échauffement.
Ce comportement se rencontre par exemple le matin, quand le cheval sort du box et semble avoir du mal à démarrer.
Il peut également s’observer après une nuit couchée ou suite à un transport prolongé.
Cette raideur initiale doit alerter, car elle traduit une douleur liée à un mouvement articulaire limité.
Plus l’arthrose progresse, plus la mise en route devient laborieuse, parfois accompagnée de microboiteries discrètes.
Boiteries intermittentes ou persistantes
L’arthrose provoque fréquemment des boiteries, d’intensité variable selon le stade de la maladie.
Au début, la boiterie est souvent intermittente : elle survient dans certaines circonstances (travail sur sol dur, virages serrés, terrains inégaux).
Avec l’évolution de l’arthrose, la boiterie peut devenir plus constante, gênant le cheval même au pas, voire au repos dans les cas avancés.
Elle peut se manifester, par exemple, par une irrégularité sur le cercle lors du travail à la longe ou par le refus de trotter lors d’une promenade.
Il est capital de consulter dès les premières boiteries inhabituelles : persistent-elles malgré le repos ou s’accentuent-elles après l’effort, l’avis d’un vétérinaire est alors recommandé pour établir un diagnostic précis.
Diminution de la performance ou du confort au travail
Un cheval arthrosique va généralement montrer moins d’entrain au travail.
Il peut rechigner à s’incurver, refuser certains exercices, ou refuser l’embarcation (refus de sauter un obstacle, par exemple).
Des allures moins fluides ou un manque de propulsion dans les transitions sont aussi des signes fréquents d’inconfort articulaire.
Dans des disciplines comme le dressage, le cavalier remarquera un manque de souplesse dans l’engagement des postérieurs ou des difficultés à exécuter certains mouvements latéraux.
Observer ces changements est essentiel, car ils reflètent une gêne réelle pouvant entraîner frustration et souffrance pour l’animal s’ils ne sont pas identifiés.
Changements dans les habitudes ou le comportement
Un cheval douloureux peut devenir moins sociable ou plus réticent à l’approche ou à la manipulation, notamment si l’articulation atteinte est sollicitée lors du brossage ou du levage des membres.
Il peut s’isoler au pré, baisser son niveau d’activité spontanée, ou développer de l’appréhension au moment de quitter l’écurie.
Certains chevaux adoptent des postures de « repos » inhabituelles pour soulager leurs articulations douloureuses, par exemple en gardant plus souvent un membre au repos ou en modifiant la façon dont ils se couchent et se relèvent.
Chaleur, gonflement et sensibilité articulaire
Au toucher, il est possible de percevoir une chaleur ou un gonflement localisés sur l’articulation concernée.
Ces signes sont souvent le reflet de poussées inflammatoires liées à l’arthrose, surtout lors des phases de dégradation active du cartilage.
La zone peut être sensible à la palpation, incitant le cheval à retirer sa jambe ou à manifester de l’inconfort lorsqu’on appuie dessus.
On observe parfois une déformation articulaire visible à l’œil nu : c’est alors le signe d’un stade déjà avancé de la maladie.
Baisse de l’amplitude articulaire et modifications des mouvements
Lorsque le cartilage se détériore, l’articulation perd de la mobilité et son amplitude de mouvement est réduite.
Le cheval montre des pas plus courts, pose moins bien ses membres ou compense en déplaçant différemment le reste de son corps.
Sur un cercle ou lors d’un changement de direction, il peut éviter de plier complètement le genou ou le jarret concerné.
À long terme, la musculature périphérique peut fondre (amyotrophie), les membres s’affinent et la foulée perd en expressivité.
Apparition de craquements et de déformations visibles
Dans certains cas, on entend ou on perçoit des bruits de craquement (« crépitements ») lors de la mobilisation de l’articulation malade, notamment au travail ou lors de soins de flexion.
À un stade avancé, des bosses ou de petites protubérances osseuses peuvent apparaître : ce sont les ostéophytes qui déforment le contour naturel de l’articulation.
Cela s’observe par exemple au niveau des boulets, où les articulations prennent un aspect irrégulier ou épaissi.
Même si l’absence de signe visible n’exclut pas l’arthrose, ces changements physiques sont souvent révélateurs d’un stade déjà ancien et nécessitent une attention particulière.
Les traitements possibles pour soulager l’arthrose du cheval
Même si l’arthrose équine ne se guérit pas, de nombreux traitements existent pour atténuer la douleur, freiner la progression de la maladie et améliorer la qualité de vie du cheval.
Le choix du traitement dépend du stade de l’arthrose, de la localisation atteinte, de l’âge et de l’activité du cheval, mais aussi de ses besoins individuels.
Le rôle central du vétérinaire dans l’élaboration d’un protocole
La prise en charge d’un cheval arthrosique commence toujours par une consultation vétérinaire.
Un diagnostic précis permet d’identifier les articulations touchées, d’évaluer le stade de la maladie et d’adapter les soins aux besoins spécifiques de l’animal.
Des examens complémentaires comme la radiographie ou l’échographie sont souvent nécessaires afin de visualiser l’état des cartilages, de l’os et la présence éventuelle de remaniements.
C’est aussi le vétérinaire qui détermine les médicaments les mieux adaptés et propose un plan personnalisé comprenant traitements et ajustements du mode de vie.
Les traitements médicamenteux : soulager l’inflammation et la douleur
Le traitement classique de l’arthrose débute par la gestion de la douleur et de l’inflammation.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), comme le phénylbutazone ou le flunixine, sont fréquemment utilisés lors des épisodes douloureux ou des poussées inflammatoires.
Ils permettent au cheval de retrouver un certain confort de vie en limitant la souffrance et les raideurs.
Cependant, leur usage doit rester ponctuel et surveillé car ils peuvent entraîner des effets secondaires (risque digestif, rénal).
Dans certains cas, des cures espacées, à raison de quelques jours par mois ou avant un effort particulier, sont proposées pour soulager les périodes les plus sensibles.
Il est important de respecter absolument la prescription vétérinaire pour ne pas masquer une aggravation de la maladie.
Les traitements locaux intra-articulaires
Quand l’arthrose concerne principalement une ou deux articulations, le vétérinaire peut recommander des injections directement dans l’articulation (infiltrations).
Les corticoïdes sont les substances les plus utilisées pour réduire localement l’inflammation.
Parfois, elles sont associées à de l’acide hyaluronique qui nourrit le cartilage et améliore la viscosité du liquide articulaire, favorisant un meilleur fonctionnement de l’articulation.
Ce traitement offre souvent un soulagement rapide et prolongé, notamment pour les chevaux qui restent actifs.
Exemple : un cheval de dressage souffrant d’arthrose au niveau d’un jarret pourra ainsi profiter de plusieurs mois de confort après une infiltration, avec reprise progressive du travail adapté.
Les infiltrations ne sont pas réalisables à volonté : leur fréquence et leur nombre sont décidés au cas par cas, toujours sous strict contrôle vétérinaire.
Chondroprotecteurs et compléments nutritionnels
Les chondroprotecteurs, ou protecteurs de cartilage, sont des molécules administrées en cures pour ralentir la dégradation du cartilage et soutenir la fonction articulaire.
On retrouve fréquemment le sulfate de chondroïtine, la glucosamine, le MSM (méthylsulfonylméthane), ou l’acide hyaluronique sous forme orale ou injectable.
Ces compléments ne font pas « repousser » le cartilage mais contribuent à préserver ce qu’il en reste et à limiter les phénomènes inflammatoires.
Ils sont particulièrement conseillés en prévention chez le cheval prédisposé, ou dès l’apparition des premiers signes.
Un poney de club présentant de l’arthrose débutante aux boulets bénéficiera, par exemple, de cures régulières de chondroprotecteurs, associées à un mode de vie adapté.
Pour une efficacité maximale, il est important d’utiliser des produits de qualité vétérinaire et d’être constant dans l’administration (souvent 1 à 2 mois de cure plusieurs fois par an).
L’adaptation du travail et de l’activité physique
Le mouvement reste capital pour la gestion de l’arthrose.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’immobilisation prolongée aggrave les raideurs et favorise la fonte musculaire.
L’objectif est donc de préserver une activité, adaptée aux capacités du cheval : séances régulières mais modérées, longs temps d’échauffement, étirements progressifs, et surveillance attentive des signes de douleur.
Les disciplines trop exigeantes seront aménagées, et il faut éviter de travailler sur un sol dur ou irrégulier.
Par exemple, privilégier des séances sur la plage ou en carrière souple plutôt qu’un terrain caillouteux, alterner travail monté et travail à pied, et accorder plus de temps à la détente sont de bonnes pratiques.
Cet ajustement de l’activité favorise la lubrification des articulations, limite la raideur et entretient l’amplitude du mouvement.
Physiothérapie, massages et soins alternatifs
De plus en plus de chevaux arthrosiques bénéficient de la physiothérapie.
Les séances de massages, les étirements doux, l’application locale de chaleur (lampe infrarouge, boue chauffante) ou les soins par ondes de choc permettent de détendre les muscles autour de l’articulation et d’améliorer la mobilité.
L’ostéopathie équine, pratiquée par un professionnel compétent, peut aussi aider à rétablir certains équilibres et à soulager des compensations posturales.
Chez certains chevaux, la balnéothérapie (marche dans l’eau) ou l’hydrothérapie sont d’excellents moyens de faire travailler les articulations sans impact, tout en préservant la musculature.
Un cheval arthrosique, traité par des séances de massages réguliers avant et après le travail, montre souvent une nette amélioration de son confort général et de sa souplesse.
Ces soins alternatifs ne remplacent pas le suivi médical, mais ils apportent un réel bénéfice dans la gestion globale de la maladie.
L’importance d’un environnement adapté et confortable
Améliorer l’environnement du cheval participe à son soulagement : box spacieux pour faciliter les mouvements, litière épaisse et propre pour limiter les difficultés à se coucher et à se relever, accès au paddock pour une activité libre quotidienne.
Limiter l’exposition au froid et à l’humidité, par exemple en protégeant les membres avec des bandes lors des nuits fraîches ou pendant l’échauffement, permet de prévenir les crises de raideur.
Les chevaux vivant au pré à l’année y trouvent souvent un vrai bénéfice pour leurs articulations, sous réserve que le terrain soit adapté et pas trop glissant.
Chirurgie et techniques avancées
Dans de rares cas, pour des chevaux jeunes ou très précieux présentant une arthrose localisée et récalcitrante, des traitements chirurgicaux peuvent être envisagés.
On parle alors d’arthroscopie : il s’agit d’une intervention permettant de nettoyer l’articulation, de retirer des fragments osseux ou cartilagineux et, parfois, de stimuler la régénération locale.
Pour certaines lésions très avancées, une arthrodèse (fusion de l’articulation) peut être proposée sur des articulations non essentielles à la mobilité fine, comme les petits os du boulet.
Ce type de recours reste cependant réservé à des situations très particulières, et la convalescence est longue.
Il existe également des traitements innovants, comme les injections de PRP (plasma riche en plaquettes) ou de cellules souches, accessibles dans certains centres spécialisés.
Ils visent à stimuler la réparation naturelle du cartilage et à limiter l’inflammation chronique.

Prévention et gestion au quotidien d’un cheval arthrosique
La prévention et la gestion au quotidien de l’arthrose chez le cheval sont essentielles à la fois pour limiter l’apparition de la maladie chez le sujet sain, mais aussi pour préserver confort et mobilité lorsque l’arthrose est déjà installée.
Adopter une gestion raisonnée de l’activité physique
Le mouvement modéré et régulier est indispensable pour préserver la souplesse articulaire et freiner la progression de l’arthrose.
La marche, le travail en main, les sorties en liberté ou les séances sur terrain souple maintiennent la lubrification des articulations et préviennent la fonte musculaire.
Pour un cheval déjà atteint, il est important de privilégier des séances régulières, mais moins intenses et d’éviter les efforts brusques, les terrains durs ou glissants, et les exercices qui sollicitent excessivement les articulations douloureuses.
Aérer l’échauffement, consacrer plus de temps à la détente et ajouter des périodes de récupération active sont de précieux atouts pour limiter la douleur et la raideur.
Par exemple, un poney arthrosique profitera d’une promenade quotidienne en main sur sol souple, d’une séance de longe à rythme lent, ou de transitions progressives au pas et au trot plutôt que d’exercices de saut répétés ou de galop prolongé.
Surveiller et entretenir l’état des pieds
Un parage ou une ferrure régulière et adaptée est primordial pour assurer un bon équilibre et une répartition homogène des charges sur les articulations.
Des appuis stables et symétriques réduisent les microtraumatismes et préviennent la survenue de raideurs localisées.
Il est essentiel de faire intervenir un maréchal-ferrant expérimenté pour ajuster la ferrure en fonction des besoins articulaires de chaque cheval : certains bénéficieront d’un support talonnier pour les jarrets, d’autres de fers amortisseurs pour soulager les boulets.
Réagir vite en cas d’évasement du pied, de talon fuyant ou de modification de l’aplomb permet également de limiter la progression de l’arthrose et de diminuer la gêne au mouvement.
Surveiller le poids et adapter l’alimentation
Prévenir ou corriger le surpoids est un pilier de la gestion de l’arthrose, car chaque kilo superflu ajoute une contrainte sur les articulations portantes.
Un suivi régulier du poids, par la pesée ou la mesure du tour de poitrine, permet de réagir rapidement si le cheval prend de l’embonpoint.
Adopter une alimentation équilibrée, adaptée au niveau d’activité et respectant les besoins en minéraux (notamment calcium, phosphore, zinc, cuivre) favorise la santé des tissus articulaires, que ce soit chez un cheval en prévention ou déjà atteint.
Un exemple concret : réduire la part d’aliments concentrés riches en amidon au profit de fibres de qualité et compléter si nécessaire avec des compléments articulaires sur avis vétérinaire peut faire une vraie différence sur le confort et la vitalité du cheval.
Aménager l’environnement de vie
L’accès à un espace extérieur, même restreint, favorise le mouvement spontané et réduit la raideur.
Sortir régulièrement au paddock ou vivre en troupeau sur des surfaces non boueuses et pas trop dures limite la sédentarité et favorise la circulation sanguine dans les membres.
Dans le box, une litière suffisamment épaisse et propre rend les déplacements et les changements de position plus faciles et confortables.
Installer des abris pour protéger le cheval des intempéries et éviter les coups de froid ou d’humidité aide également à limiter les crises de douleur liées à l’arthrose.
Des plateformes à l’entrée du box ou du paddock, ou des sols stabilisés au niveau des points d’eau peuvent limiter le risque de glissades et d’aggravation de la gêne articulaire.
Adapter le travail et les exercices
Il est fondamental d’individualiser les séances en fonction des capacités de chaque cheval.
Allonger la phase d’échauffement, privilégier les allures basses, effectuer des exercices progressifs et fréquenter des terrains souples sont autant de bonnes pratiques pour préserver les articulations.
Alterner les disciplines, par exemple alterner dressage léger, longues rênes, balades et petits sauts, évite la sur-sollicitation d’une seule articulation et distribue l’effort musculaire équitablement.
Si le cheval manifeste de la raideur ou du refus lors d’un exercice, interrompre ou adapter la séance montre au cheval qu’il est écouté et limite l’aggravation des lésions.
Mettre en place des routines de soins adaptés
Les soins quotidiens sont un moment clé pour détecter précocement toute évolution des symptômes.
Inspecter les membres, rechercher chaleur, gonflement ou sensibilité, masser légèrement les articulations, appliquer des bandes de repos ou des cataplasmes d’argile si besoin sont autant d’actions bénéfiques.
En période froide ou humide, réchauffer les articulations avant le début du travail (lampe ou couverture chauffante) permet de limiter la raideur initiale.
Les séances de massages doux, les étirements passifs et les soins complémentaires recommandés par un vétérinaire ou un ostéopathe contribuent au bien-être du cheval et améliorent sa mobilité au quotidien.
Identifier et gérer les signes de crise inflammatoire
Il est crucial de savoir repérer rapidement les signes d’une poussée (douleur accrue, raideur intense, chaleur, boiterie franche).
Mettre le cheval au repos relatif, adapter l’activité, et consulter le vétérinaire pour d’éventuels traitements anti-inflammatoires évite l’installation d’une gêne chronique.
Durant ces épisodes, alléger la charge de travail, réduire la durée des sorties, ou privilégier le repos au paddock sur terrain plat sont des réflexes à adopter.
Écouter son cheval, adapter sans attendre et tenir un carnet de suivi permet de mieux anticiper les crises et d’optimiser la prise en charge médicale.
Favoriser la prévention chez le jeune cheval et le cheval sain
Agir dès le plus jeune âge pour préserver la santé articulaire permet de limiter le risque d’arthrose plus tard.
Choisir des exercices progressifs, éviter les surcharges de travail lors de la croissance, corriger rapidement tout défaut d’aplomb et assurer une alimentation équilibrée sont les meilleurs moyens de prévention.
Un suivi vétérinaire et ostéopathique régulier, une gestion attentive du poids et un mode de vie favorisant la liberté de mouvement participent durablement à la protection des articulations, quel que soit le niveau ou la discipline du cheval.
Dialoguer avec des professionnels et ajuster au cas par cas
Chaque cheval arthrosique a des besoins qui lui sont propres.
Travailler main dans la main avec son vétérinaire, son maréchal, son ostéopathe ou son coach permet d’ajuster la gestion et de moduler les soins en fonction de l’évolution de la maladie et du ressenti du cheval.
Noter les réactions après chaque séance, communiquer ouvertement sur les moindres changements de comportement ou de locomotion contribue grandement à une prise en charge efficace et à l’amélioration continue du bien-être du cheval.
FAQ – Arthrose chez le cheval : vos questions pratiques
1. Est-ce que l’arthrose chez le cheval signifie forcément la fin de sa carrière sportive ?
Non, un cheval arthrosique peut généralement continuer à travailler sous réserve d’adapter sa pratique et son intensité, en suivant les conseils du vétérinaire.
Adapter l’effort, éviter les terrains durs ou irréguliers, et prévoir un échauffement suffisant peuvent aider à préserver son confort et limiter l’évolution de la maladie.
2. Comment puis-je savoir si mon cheval souffre, même s’il ne boite pas ?
Certains chevaux manifestent leur gêne par de petits signes : raideurs, difficultés à étirer les membres, coups de sang dans le travail ou changements de comportement.
Si vous notez des attitudes inhabituelles au pansage, au montoir ou lors des déplacements, parlez-en à votre vétérinaire pour approfondir le diagnostic.
3. Peut-on utiliser des compléments alimentaires pour aider un cheval arthrosique ?
Oui, de nombreux compléments (chondroprotecteurs, plantes, oméga 3…) accompagnent la gestion de l’arthrose, en complément d’un suivi vétérinaire.
Leur effet varie selon les chevaux : demandez toujours conseil à votre praticien avant d’instaurer une cure pour adapter le produit et la posologie.
4. Est-ce que l’arthrose est contagieuse ou héréditaire chez le cheval ?
L’arthrose n’est pas contagieuse : aucun risque de transmission d’un cheval à un autre.
En revanche, certaines prédispositions héréditaires existent, surtout dans les races à croissance rapide ou sollicitées précocement, mais la gestion et l’environnement restent des facteurs majeurs.
5. Que faut-il privilégier comme activité ou type de sol pour un cheval arthrosique ?
Les sols souples (carrière en bon état, plage, herbe) sont à privilégier pour limiter les impacts sur les articulations.
Les activités douces, le travail en longe ou à pied, et l’exercice régulier (éviter l’inactivité totale) permettent de conserver la souplesse et le moral du cheval.
6. Faut-il systématiquement immobiliser un cheval souffrant d’arthrose ?
Non, sauf indication spécifique de votre vétérinaire en cas de crise aiguë : la plupart du temps, le mouvement doux et régulier reste bénéfique.
L’immobilisation prolongée peut aggraver la raideur articulaire : privilégiez la sortie au paddock et des séances courtes adaptées à son état.
7. Quels sont les signes d’aggravation à surveiller chez un cheval atteint d’arthrose ?
Surveillez une boiterie persistante, des engorgements articulaires inhabituels, un refus de se déplacer ou une diminution significative des performances.
Toute évolution vers une douleur aiguë ou un changement brusque du comportement doit pousser à consulter rapidement le vétérinaire.
8. Les ferrures particulières sont-elles indispensables pour gérer l’arthrose ?
Pas systématiquement : certains chevaux bénéficient d’aménagements de ferrure (fers orthopédiques, en caoutchouc…), d’autres se portent bien pieds nus, selon les cas.
L’essentiel est un suivi régulier avec un maréchal averti, pour assurer un bon équilibre et limiter les contraintes sur les articulations.
9. Que faire si mon cheval présente de l’arthrose alors qu’il est encore jeune ?
L’arthrose du jeune cheval nécessite une prise en charge rapide et adaptée : bilan vétérinaire approfondi, adaptation du travail, de l’alimentation et du mode de vie.
Un suivi sur le long terme permettra de préserver au mieux la qualité de vie et les capacités du cheval.
10. Peut-on masser les articulations arthrosiques ?
Oui, des massages doux autour des articulations ou l’application de soins adaptés (argiles, liniments) peuvent soulager certaines tensions et améliorer le confort.
Attention cependant à toujours éviter les manipulations directes lors d’inflammation aiguë, et à demander l’avis de votre vétérinaire pour le choix des produits.
Conclusion
L’arthrose du cheval est une affection chronique qui nécessite d’être comprise dans sa globalité, depuis ses différentes causes et symptômes, jusqu’aux options de traitements et aux gestes préventifs adaptés.
Mieux informés, cavaliers et propriétaires sont ainsi mieux armés pour détecter précocement les signes d’alerte, soulager leur cheval efficacement et adapter leur quotidien afin d’offrir à leur compagnon arthrosique une vie la plus confortable et active possible.